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Mes homélies


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17ème dimanche ordinaire, année A
homélie donnée par l'abbé Guéroult le 24-07-2011

Mt 13, 44-52
"Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ et qu'un homme vient à trouver: il le recache, s'en va ravi de joie vendre tout ce qu'il possède, et achète ce champ. "Le Royaume des Cieux est encore semblable à un négociant en quête de perles fines: en ayant trouvé une de grand prix, il s'en est allé vendre tout ce qu'il possédait et il l'a achetée. "Le Royaume des Cieux est encore semblable à un filet qu'on jette en mer et qui ramène toutes sortes de choses. Quand il est plein, les pêcheurs le tirent sur le rivage, puis ils s'asseyent, recueillent dans des paniers ce qu'il y a de bon, et rejettent ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde: les anges se présenteront et sépareront les méchants d'entre les justes pour les jeter dans la fournaise ardente: là seront les pleurs et les grincements de dents. "Avez-vous compris tout cela" -- "Oui", lui disent-ils. Et il leur dit: "Ainsi donc tout scribe devenu disciple du Royaume des Cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et du vieux."

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Homélie
Chers amis, tout d’abord un grand merci à Monsieur et Madame Louis Potez qui ont eu la gentillesse de nous recevoir aujourd’hui pour célébrer la messe de la Moisson et de la Ruralité dans notre grande paroisse Saint François en Terre de Caux.
Avant de commenter l’évangile du jour, voyons pour quelles raisons ont fait une messe de la Moisson. En premier lieu il s’agit de montrer l’attachement de l’Eglise pour le monde rural, un corps de métier très important pour la subsistance et le bien-être de toute l’humanité.
Ensuite nous pourrions dire que nous rendons un hommage à Dieu, le Créateur, qui nous a donné une si belle nature (malgré les intempéries occasionnelles).
D’une façon générale, la beauté de la nature, la beauté de la terre, la beauté des champs, la beauté des aliments, des céréales et des fleurs, tout cela est un hymne qui monte vers le Dieu Créateur, Dieu qui est vraiment un grand artiste.
Dostoviesky disait : “la beauté sauvera le monde” : je pense qu’il a parfaitement raison. Tout homme est un artiste, tout homme travaille à sauver le monde.
Voyons maintenant l’évangile de ce jour, le trésor caché dans un champ. Comme très souvent Jésus prend une comparaison d’ordre rural.
Question fondamentale à se poser maintenant : le trésor, c’est quoi ? Plus précisément : le trésor, c’est qui ?
Je vous donne la réponse, sur le champ c’est le cas de le dire : ce trésor n’est en aucune façon un magot, ce trésor c’est Dieu, l’existence de Dieu.
700 ans avant cet évangile, le prophète Isaïe l’avait déjà annoncé : “vraiment tu es un Dieu caché”.
17 siècles après l’évangile, Blaise Pascal, le grand philosophe, nous explique la raison pour laquelle Dieu s’est caché. Il dit, je résume, Dieu n’avait aucune envie d’avoir affaire à des paresseux, il en a fait exprès de se cacher, pour nous provoquer, nous stimuler, nous inciter. Ainsi, tout homme, (et pas simplement les chrétiens) tout homme doit être un chercheur. Chers amis, vous le savez, même ceux qu’on appelait jadis des savants, aujourd’hui préfèrent être qualifiés de “chercheurs”. On pourrait aussi prendre une comparaison dans le domaine de la chasse : j’aime bien cette image du chien de chasse la truffe aux aguets, prêt à humer les pistes et les directions.
Autre approche du Dieu caché, il s’agit du philosophe Jean Piaget, psychologue d’origine suisse, et dont les découvertes sont toujours valables. Il a beaucoup étudié l’évolution de l’intelligence du bébé, à 6 mois, à 10 mois, etc... Il se posait la question suivante : quand on présente un objet au tout-petit et que ensuite on le cache, à quel moment comprend-il la différence entre être caché et ne plus exister.
Il s’agit donc dans la cervelle du nouveau-né de l’acquisition d’une notion nouvelle.
Je n’irai pas jusqu’à dire que telle ou telle personne athée en est restée à un stade infantile, loin de moi cette pensée. Cependant peut-être faudrait-il mieux distinguer l’existence de Dieu même quand il est caché.
Une première conclusion vient à l’esprit, c’est que tout homme doit, quelque peu, ressembler à un détective. Etant bien entendu que les gens qui exercent cette profession recherchent des coupables, et que ce n’est pas du tout le cas de Dieu, le cas pour Dieu. Je veux simplement mettre en avant le fait de trouver des choses cachées, depuis le commencement du monde, grâce à des indices minimes. Un cheveu ou bien un microgramme d’ADN pour le détective suffisent. Pourquoi pas tout homme, en recherche du Dieu d’amour.
Donnons maintenant trois précisions pour l’homme qui est en recherche.
— Primo, l’homme en recherche est un homme normal. Chercher Dieu ne procède d’aucune curiosité malsaine ou folklorique. C’est une nécessité vitale.
— Secundo, le Dieu que nous cherchons n’est pas le GADLU des Francs-Macs, le grand architecte de l’univers, mais le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, qui est aussi le Dieu d’amour.
— Tertio, cette recherche de Dieu peut-être douloureuse, c’est l’évangile qui nous le dit puisque pour acquérir le trésor caché, le cultivateur en question doit faire des sacrifices.
En conclusion, nous pouvons apporter une précision qui est essentielle : le champ dans lequel est caché le trésor, c’est aussi l’évangile, l’évangile dans son texte intégral, le Nouveau Testament.
Si nous lisons et relisons, attentivement et scrupuleusement, l’évangile, le portrait du Christ apparaît, le Christ qui est Dieu.
Je termine en citant cette réflexion d’un petit garnement du catéchisme, je vous la donne telle quelle, même si elle peut sembler trop familière, il me disait : “Jésus, c’est son père tout craché”.

AMEN



16ème dimanche ordinaire, année A
homélie donnée par l'abbé Guéroult le 16-07-2011

Mt 13, 24-43
Il leur proposa une autre parabole: "Il en va du Royaume des Cieux comme d'un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu, il a semé à son tour de l'ivraie, au beau milieu du blé, et il s'en est allé. Quand le blé est monté en herbe, puis en épis, alors l'ivraie est apparue aussi. S'approchant, les serviteurs du propriétaire lui dirent: Maître, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ? D'où vient donc qu'il s'y trouve de l'ivraie? Il leur dit: C'est quelque ennemi qui a fait cela. Les serviteurs lui disent: Veux-tu donc que nous allions la ramasser? Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l'ivraie, d'arracher en même temps le blé. Laissez l'un et l'autre croître ensemble jusqu'à la moisson; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs: Ramassez d'abord l'ivraie et liez-la en bottes que l'on fera brûler; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier." Il leur proposa une autre parabole: "Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ. C'est bien la plus petite de toutes les graines, mais, quand il a poussé, c'est la plus grande des plantes potagères, qui devient même un arbre, au point que les oiseaux du ciel viennent s'abriter dans ses branches." Il leur dit une autre parabole: "Le Royaume des Cieux est semblable à du levain qu'une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que le tout ait levé." Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole; pour que s'accomplît l'oracle du prophète: J'ouvrirai la bouche pour dire des paraboles, je clamerai des choses cachées depuis la fondation du monde. Alors, laissant les foules, il vint à la maison; et ses disciples s'approchant lui dirent: "Explique-nous la parabole de l'ivraie dans le champ." En réponse il leur dit: "Celui qui sème le bon grain, c'est le Fils de l'homme; le champ, c'est le monde; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume; l'ivraie, ce sont les sujets du Mauvais; l'ennemi qui la sème, c'est le Diable; la moisson, c'est la fin du monde; et les moissonneurs, ce sont les anges. De même donc qu'on enlève l'ivraie et qu'on la consume au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde: le Fils de l'homme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs d'iniquité, et les jetteront dans la fournaise ardente: là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Entende, qui a des oreilles!

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Homélie
Chers amis, l’évangile du bon grain et de l’ivraie est très connu. Pour aller vite, on pourrait dire qu’il s’agit d’une idée de tolérance. Cependant, il faudrait préciser que la tolérance vue par les chrétiens n’est pas tout à fait la même que celle prônée autour de nous.
Aujourd’hui, prenons comme point de départ un autre passage de cet évangile de Matthieu, pourquoi Jésus parle en paraboles. Matthieu répond : “il s’agit de proclamer des choses cachées depuis la création du monde”.
Cette parole d’évangile a été reprise par un philosophe contemporain, chrétien celui-là (il en a quand même !) : René Girard.
René Girard est toujours en vie. Une de ses idées originales est la suivante : les hommes, le plus souvent, ne veulent pas se déclarer coupables. A la place beaucoup font porter la responsabilité sur tel ou tel innocent. La Bible appelle cela la politique du “bouc émissaire” (à ne pas confondre avec Facebook).
Jésus, lui aussi, a été une victime innocente martyrisée et condamnée injustement. Mais, du fait qu’il a accepté cette abomination, il a stoppé le processus vindicatif, au moins dans son principe.
Si vous avez le petit livre contenant les messes de chaque jour, Prions en Eglise, vous pourrez relire chez vous les premières lectures de ces messes, les 6, 7 et 8 juillet. dans la Bible complète, il s’agit du Livre de la Genèse, les chapitres 40 à 46.
Soit dit en passant, Prions en Eglise, utile à divers points de vue, a aussi cet avantage de mettre sous nos yeux des textes de l’Ancien Testament qui ne sont jamais au menu de nos dimanches liturgiques. Il y a donc le risque de passer à côté de véritables trésors. L’histoire de Joseph en est un. Vous pouvez aussi, naturellement, relire ces textes directement dans la Bible.
Joseph était un des douze fils de Jacob. Dix de sa première femme Léa, deux de la seconde, Rachel. Ces deux là : Joseph et Benjamin étaient les préférés.
Joseph était choyé par son père Jacob. En toute innocence, il ne se privait pas de mettre en avant cette préférence. Un jour d’anniversaire, Jacob lui avait offert une belle robe, aux couleurs chatoyantes.
Ses frères conçurent pour lui une véritable agressivité. Un jour, ils décidèrent de le tuer. Comme dit le chanteur, Léo Ferré : “est-ce ainsi que les hommes vivent ?” hélas, il est à craindre que oui. Ruben le frère aîné intervient, il essaie d’éviter le pire, il conseille à ses frères d’abandonner Joseph dans une citerne crevassée.
Quelques jours après, des marchands d’esclaves passant à cet endroit, récupérèrent Joseph et l’emmenèrent en Egypte.
Au bout d’un certain temps, l’esclave Joseph se fit remarquer par sa probité et son intelligence, à un point que le pharaon finit par le prendre comme conseiller. Joseph avait alerté le pharaon sur les risques de famine, consécutifs à des irrégularités dans le débordement du fleuve, le Nil et autres calamités.
Le pharaon le nomma illico ministre de l’agriculture, je crois bien qu’il l’avait même promu Premier ministre. Joseph ordonna de bâtir des silos et de faire des stocks provisionnels, de céréales, pour le temps des vaches maigres, l’expression vient de là.
Quand la famine apparut, Joseph ordonna d’ouvrir les silos pour alimenter les Egyptiens.
La famine sévissait également dans le pays de Canaan, la Palestine. Jacob avait entendu dire que l’Egypte avait des réserves alimentaires. Il envoya ses fils pour essayer d’acheter du blé.
Les enfants de Jacob se présentèrent donc devant Joseph, sans le reconnaître. En effet, d’une part il était habillé d’habits royaux et somptueux, d’autre part, comme tout Egyptien, il se rasait. Les Hébreux eux étaient barbus.
Joseph maîtrisa son émotion et sa pitié. Il n’y avait aucune agressivité dans les quelques paroles un peu dures qu’il commença à leur adresser. Mais rapidement, ne pouvant contenir son émotion, ayant ordonné aux soldats et dignitaires de sortir, il éclata en sanglots.
Joseph, 1500 ans avant le Joseph du Nouveau Testament, Joseph fils de Jacob, c’est un visage du Christ, un symbole. Quand on lit ce texte à la messe matinale, on est très ému. Ainsi Dieu n’est pas un Jupiter hautain et méprisant mais un frère qui pardonne le mal qu’on lui fait, au point de sangloter quand il revoit ses frères, qui pourtant voulaient le tuer.
René Girard note que l’histoire de Joseph est un grand tournant dans l’histoire des hommes. Pour la première fois, l’idée de vendetta est battue en brèche, c’est le pardon qui prédomine, la victime a pardonné.
Il y a aussi un autre symbolisme très beau dans cette histoire de Joseph, écoutez : Joseph dans sa citerne c’est Jésus au tombeau. Joseph somptueux sur le trône d’Egypte c’est la résurrection, Joseph qui procure des vivres au peuple affamé c’est une image de notre messe, nourriture spirituelle puisque le blé est devenu le corps du Christ.
Oui chers amis, que ce soit dans votre Bible ou bien dans Prions en Eglise, relisez et méditez ces très beaux textes, le naufragé n’a pas vocation à couler.
Quelles merveilles que ces “choses cachées depuis la création du monde” que la liturgie, la Bible, et l’Eglise nous dévoilent.
AMEN



15ème dimanche ordinaire , année A
homélie donnée par l'abbé Guéroult le 09-07-2011

Mt 13, 1-23
En ce jour-là, Jésus sortit de la maison et s'assit au bord de la mer. Et des foules nombreuses s'assemblèrent auprès de lui, si bien qu'il monta dans une barque et s'assit; et toute la foule se tenait sur le rivage. Et il leur parla de beaucoup de choses en paraboles. Il disait: "Voici que le semeur est sorti pour semer. Et comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux sont venus tout manger. D'autres sont tombés sur les endroits rocheux où ils n'avaient pas beaucoup de terre, et aussitôt ils ont levé, parce qu'ils n'avaient pas de profondeur de terre; mais une fois le soleil levé, ils ont été brûlés et, faute de racine, se sont desséchés. D'autres sont tombés sur les épines, et les épines ont monté et les ont étouffés. D'autres sont tombés sur la bonne terre et ont donné du fruit, l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente. Entende qui a des oreilles!" Les disciples s'approchant lui dirent: "Pourquoi leur parles-tu en paraboles" "C'est que, répondit-il, à vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, tandis qu'à ces gens-là cela n'a pas été donné. Car celui qui a, on lui donnera et il aura du surplus, mais celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé. C'est pour cela que je leur parle en paraboles: parce qu'ils voient sans voir et entendent sans entendre ni comprendre. Ainsi s'accomplit pour eux la prophétie d'Isaïe qui disait: Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. C'est que l'esprit de ce peuple s'est épaissi: ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur esprit ne comprenne, qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. "Quant à vous, heureux vos yeux parce qu'ils voient; heureuses vos oreilles parce qu'elles entendent. En vérité je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas entendu! "Ecoutez donc, vous, la parabole du semeur. Quelqu'un entend-il la Parole du Royaume sans la comprendre, arrive le Mauvais qui s'empare de ce qui a été semé dans le coeur de cet homme: tel est celui qui a été semé au bord du chemin. Celui qui a été semé sur les endroits rocheux, c'est l'homme qui, entendant la Parole, l'accueille aussitôt avec joie; mais il n'a pas de racine en lui-même, il est l'homme d'un moment: survienne une tribulation ou une persécution à cause de la Parole, aussitôt il succombe. Celui qui a été semé dans les épines, c'est celui qui entend la Parole, mais le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent cette Parole, qui demeure sans fruit. Et celui qui a été semé dans la bonne terre, c'est celui qui entend la Parole et la comprend: celui-là porte du fruit et produit tantôt cent, tantôt 60, tantôt 30."

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Homélie
Chers amis, commençons par une définition de ce qu’est l’homme, définition magnifique trouvée dans une vie de saint Augustin : un homme, c’est “un murmure entre deux silences”. Comme vous savez, Augustin était évêque d’Hipone en Tunisie, vers les années 400. Vous avez entendu ? : “un murmure entre deux silences”.
La parabole d’aujourd’hui nous révèle que Dieu aurait bien voulu renforcer ce “murmure” en lui apportant la force de sa Parole, c’est la parabole du semeur.
Il se trouve que l’opération n’a pas très bien réussi, un échec trois fois sur quatre. Pourquoi ?
Nous pouvons trouver deux sortes d’explications : il y aurait des oppositions internes et des oppositions externes à l’action du divin semeur.
Oppositions internes, c’est ce qu’on appelle le péché, dans le coeur de l’homme et dans sa vie : égoïsme, orgueil, appétit de jouissance, complicité avec le mal.
Ici la solution est simple même si pour autant elle n’est pas très facile, il s’agit pour chacun de lutter contre le péché.
La seconde catégorie de forces visant à contrecarrer l’action de Dieu se situe à l’extérieur, l’environnement où nous sommes, le monde où nous vivons.
Un certain nombre d’intellectuels, ou de gens qui se prétendent tels, ne se gênent plus pour attaquer ouvertement, dans leurs ouvrages et leurs dires, l’action du semeur.
Jésus nous apporte la vérité. En face, nous voyons maintenant plusieurs intellos ou intelloïdes qui ne se cachent pas pour contrer et empêcher son action. Par des raisonnements, je pense à Luc Ferry l’ancien ministre, mais quelquefois aussi par des injures : vous avez reconnu le trop fameux Michel Onfray, un “gauchiste à la noix” comme un responsable d’Eglise le qualifiait dernièrement.
On peut aussi lui reprocher d’avoir imité, dans ses invectives, le trop célèbre Nietzsche, tout en baissant de plusieurs degrés : un ami me disait : “Onfray, c’est le Nietzsche du pauvre”.
Nous avons fêté dernièrement, parmi les chrétiens, ceux qu’on a appelé les “colonnes de l’Eglise”, les saints Pierre et Paul.
Onfray qualifie Paul de “voyageur de commerce hystérique et coléreux”. C’est inimaginable d’entendre de pareilles agressions, et personne ne bouge !
Parmi les attaques que j’ai qualifiées d’extérieures, il y a aussi Da Vinci Code. Attaque sournoise, subtile et pernicieuse : le poison est sucré, il s’avale facilement.
Il y a aussi ceux qui prétendent refaire une morale sans Dieu, je pense à Comte-Sponville.

***

Quelle leçon tirer de ce danger menaçant ? Je la trouve dans la vie et les ouvrages du Père François Varillon, ce grand jésuite chrétien, véritable intellectuel, lui, qui a donné beaucoup de conférences et de retraites spirituelles. Mais il n’avait pas oublié de produire, tous les mois, des “fiches” destinées à la formation doctrinale des militants d’Action Catholique. En effet, tout en admirant le travail religieux et social de ces hommes, dans l’Eglise et le monde, il s’était aperçu qu’ils courraient le risque d’un certain “activisme”. Ils avaient besoin d’être soutenus, étayés, renforcés au niveau de leur foi, besoin d’être mieux informés des justifications du dogme, afin de pouvoir répondre aux questions posées, répondre aussi aux objections et attaques. Ces fiches existent encore, elles sont éditées en livres et cela pourrait être un outil toujours valable pour renforcer notre foi.
En effet, le problème n’est peut-être pas seulement la virulence de ceux qui nous attaquent mais encore assez souvent la faiblesse de la foi des chrétiens.
La foi du charbonnier, quand on se met un sac à charbon sur la tête, comme l’autruche la tête dans le sable, la foi purement sentimentale, tout cela ne suffit plus à l”époque où nous sommes. Le semeur a beau être divin, les graines sont vite étouffées.
Chers amis, soyons décidés, par exemple ceux qui ont la chance d’être en vacances, de prendre du temps pour lire un ouvrage de fond qui nous éclaire vraiment sur la justification de nos croyances.
Faisons attention aux “bouquins à la mode” dont les média font la pub. Ce ne sont pas toujours les meilleurs. Je pense spécialement à Frédéric Lenoir, un homme beaucoup plus intègre que Michel Onfray, mais cependant véhiculant des contre-vérités nocives.
Oui, ayons une foi davantage charpentée, étayée, consolidée, renforcée.
AMEN



14ème dimanche ordianire, année A
homélie donnée par l'abbé Guéroult le 03-07-2011

Mt 11, 25-30
En ce temps-là Jésus prit la parole et dit: "Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir. Tout m'a été remis par mon Père, et nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler.
"Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger."

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Homélie
Jésus recrute ses disciples selon la coutume de son temps. A cette époque, les “sages” rassemblaient leurs élèves en les engageant sous le “joug” de l’obéissance et du service.
On recrutait suivant quels critères ? Eh bien on prenait les plus intelligents, ceux dont on pourrait rapidement se louer.
Au contraire Jésus prenait les ignorants, afin qu’ils aient accès à la science qui vient du Père.
Tandis que les sages et les scribes veillaient à ne recruter que des purs et des super-doués, bons pour le pharisaïsme, Jésus, lui, recrute ceux que décourage une implacable loi. D’ailleurs, lui-même a été présenté comme un pécheur, celui qui mange volontiers avec les moins que rien, publicains et femmes publiques. Des gens cependant qui attendent la justice du Père.
Voilà une première explication de l’évangile, re-situé à son époque. Expliquons-le maintenant en le situant à la nôtre.
Dans la vie courante, pourquoi aime-t-on un petit bébé ? Pourquoi aime-t-on cet être démuni, sans aucune force, ni puissance, sinon la lumière de ses yeux ?
Eh bien on l'aime précisément parce qu’il est démuni de tout, parce qu’il n’a aucun savoir ! C'est le mystère de l'amour. C'est le mystère de la gratuité de l'amour ! De tout amour.
Ainsi Dieu avec nous les hommes, il nous aime non pas à cause de nos mérites, de nos qualités ou bien, de nos soi-disant "capacités". Non, Dieu nous aime parce que nous sommes petits, et si nous sommes petits, et si nous voulons le rester. Voilà le mystère de l'évangile et le message d’aujourd'hui.
D'ailleurs, ce que Jésus nous demande, il le vit lui-même avec Dieu son Père : des rapports de docilité, de dépendance et d'amour.
Le père François Varillon nous l'a souvent rappelé, dans des pages très fortes : aimer, c'est être faible. Si je me situe dans la zone de la puissance et de la gloire, je n'aime pas, je ne peux pas aimer, c'est impossible. Ou alors il faudrait préalablement changer de registre, déménager.
Prenons l'exemple de nos mamans : nous savons bien qu'elles sont faibles, précisément parce qu’elles nous aiment, pas un peu mais beaucoup. Elles sont faibles parce que l'amour est une faiblesse. Mais très précisément, en même temps, il est une force, à vrai dire la seule force.
Déjà dans l'Ancien Testament le prophète Zacharie (c’est la première lecture aujourd‘hui) nous annonçait cette bonne nouvelle : le Messie futur viendrait à nous non pas monté sur un char de guerre, ni sur un cheval de combat, mais assis sur un âne la monture des pauvres. "Voici ton roi qui vient vers toi, il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune."
Dans l'évangile : "Père, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout petits".
Normalement on devrait aimer la force et le succès, c’est dans l’ordre des choses. Pourquoi dans le christianisme cette inversion des valeurs, qui en a choqué et irrité beaucoup, je pense à Nietzsche, le grand philosophe allemand ? Jésus répond : "Père, tu l'as voulu ainsi dans ta bonté". En portant sa tendresse sur ceux qui sont démunis, Dieu révèle qu'il n'aime pas par convoitise, mais qu’il aime gratuitement, non pas pour les mérites de l'autre, mais pour le faire grandir et l'épanouir.
Chers amis devenons, toujours plus, disciples de ce Jésus "doux et humble de coeur", imitons notre maître. Acceptons de prendre sur nous son joug et son fardeau. Jésus nous rassure : “Mon joug est facile et mon fardeau léger”.
A côté des fausses valeurs de ce monde imbu de lui-même, rempli à en crever de superbe et de jactance, disons merci à Jésus de bien vouloir nous révéler les vraies valeurs, qui sont de petitesse et d'amour.
Je ne regarde pas beaucoup le feuilleton "Les feux de l'amour". Mais de temps en temps j'y jette quand même un coup d'oeil. Et je m'aperçois que ces gens qui sont réputés s'aimer puisqu'on les appelle des “amants”, sont, encore assez souvent, en train de se crêper le chignon et se déchirer avec allégresse.
Je viens de dire : "ce monde rempli à en crever de fausses valeurs"... Je fais allusion à la fable de La Fontaine "La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf", dans laquelle la "grenouille s'enfla si fort qu'elle creva"... Hélas ce monde où nous vivons semble menacé par la même fin dérisoire, plût au ciel qu'il n'en soit pas ainsi.
Faisons notre possible pour montrer à nos frères le bon exemple de la douceur, de l'humilité et de la petitesse, qui sont les vrais secrets de l'amour, de l’amour vrai !
AMEN



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